Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome2.djvu/454

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llllll, LETTRES MISSIVES A lez, ses meilleures villes en cendres ; et qu'encores, au lie11'd’apporter ` de l’eau, d’estouffer ses flammes, dfaider à sauver ce qui reste d'en- tier (comme je desireet voudrois l’avoir faict, et n'estre plus), on I me force, malgre moy, de brusler moy-mesme, et de rendre ma des- Q fense presqulaussi fasclieuse que les violences que font ceulx qui m’at— . taquent : ou je serois,.de tous les insensibles, le plus insensible qui fust jamais, ou bien il fault, pour la consideration du public, que mon ame reçoive, mille fois le jour, des peines, des afllictions, des gesnes, que nulles peines, nulles afflictions, nulles gehennes ne sau- Yroient esgaler, principalement quand je sçais que, de tous ces mal- i beurs, les mes'cl1ans me font le pretexte, les ignorans la cause, et que moy—me'smes, encore, qui m’en puis justifier, je m’en dis moy-mesme l’occasion. Mais en mon particulier puisque je devois naistre soubs un _ tel siecle), quand je me represente ce que Dieu a faict pour moy au commencement, au milieu, au progrez de ces derniers troubles ; com- - i bienide tesmoignages il airendu de la justice de ma cause et de mon innocence, non seulement en France, mais jusques aux nations es- ° trangeres, non dans les esprits de mes amys, mais dans la bouche en- - core de ceulx quine llestoyent pas, non dans l’opinion du vulgaire seu— « ' lement, mais (et Dieu le sçait) dans l’an1e et la conscience de mon Roy ; et combien, par plusieurs effects, ce grand Dieu a faict paroistre qu’il ~` A avoit soing de moy, m’ayant miraculeusement deffendu, sauvé, asseuré 'contre des forces auxquelles il n’y avoit nulle apparence que je peusse faire teste : certes, si j’estois aultre que je ne suis, j'aurois autant de raison de me plaire au particulier de ma condition, comme le- soub- venir de la publicque m’est desagreable. Messieurs, je ne le puis ; ja- mais mon pays n’ira aprés moy ; son utilitéi precedera tousjours la mienne, et tousjours on verra 1non mal, mes dommages, mes afllic-i tions courir devant celles de ma patrie. Mais pour le moins je ne me puis celer ce contentement que jay, d’avoir, à toutes les occasions qui se sont presentées, fait cognoistre, et par mes actions, et par mes paroles, et parmes iescripts, combien j’avois de regret aux miseres auxquelles nous nous allions embarquer, si les exemples du passé ne