Cela, mon Cousin, m’a faict prendre party d’accorder avec le duc
i de Mercure peut-estre plus promptement et a conditions plus advan-
tageuses pour luy que je n’eusse laict, craignant que l’apprehension
qu’il a eue de ma venue se changeast en une obstination quand il
descouvriroit mes incommoditez et sçauroit mes forces demeurées
inutiles et languir par faulte d’argent. Or, le d.ict accord est si advance
que j’espere qu’il sera resolu dedans au_]ourd’huy ou domain, à con-
ditions qui ne me peuvent estre que utiles, puisque le dict duc de Mer-
cure met entre mes mains le chasteau de Nantes avec le gouvernement
du pays et toutes les places qui luy restent, dont vous serés plus par-
ticulierement adverty quand les articles du dict traicté seront signez.
Cependant je vous diray que vous ferés bien de dillerer encores pour
quelques jours l’achapt des chevaux d’artillerie pour lequel vous
devés faire fournir dix mil escuz, ainsy que j’ay appris par les estats
que vous mlavés envoyez avec vostre lettre du Vlc de ce mois, que je
receus hier au soir ; d’autant que, si nostre accord se faict par deçà,
je vous enverray incontinenttceulx que j’ay faict lever pour y servir, et
par ce m_oyen nous espargner les dicts dix mil escuz avec les aultres
dix mil qu’il faudroit encore fournir pour le parfaict de l’advance des
dicts chevaux d’artillerie. Aussy bien je ne vois plus que vous deviés
estre fort pressé d’employer les dicts chevaux, ainsy que je puis juger
par les advis que j'ay nagueres receus des s” de Bellievre et de Sillery ;
car le renfort arrivéde nouveau à Calais, que l’on dict estre composé
de quatre mil hommes, est bien moindre et aura tout besoing de
repos, devant que d’estre en estat d’estre mis en besoigne. Seulement
je vous prie, mon Cousin, vous acheminer en ma frontiere le plus
tost que vous pourrés, pourveoir que les compagniesde cheval et de
pied qui y sont ordormées, mesmes celles des garnisons ordinaires,
soyent completes et facent leur devoir ; que les places soyentmunies
' de vivres le mieux que faire se pourra, et que chascun se tienne sur
ses gardes. Quant aux picqs, pelles et hoyaux que demandent les
gouverneurs, vous leur en pouvés bailler de ceulx qui ont esté acheptez
pour le siege d’Amiens, qui n’ont esté employez, ou leur en faire
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