c’est aflin d’estre fortiliez de son nom et auctorité en fexecution de
leur desseing, qui a tousjours esté et est encore de s'emparer, s’ils
peuvent, du royaulme d’Angleterre, pour, par ce moyen, subjuguer
plus facilement les Hollandois,' et aprés donner telles lois qu’il` leur.
plaira à leurs voisins. Le feu roy d’Espagne le tenta en fan 1588, et
il ne luy reussit. Son fils suit a present ses brisées, conforté de l'opi-
nion qu’il a que la Royne doibt bien tost mourir.
Quant au party d’Arbelle, il est tres debile ; tellement qu’il ne ren¥
forcera guere celuy qui s’y attachera. J’en dis quelque chose au car-
' dinal.Aldobrandin, estant à Lyon ; de quoy il ne demeura satisfaict : et
faut que fexperience suppllée à-la prudence, quand la passion nous em-
, porte. J’ay crainte qu’il advienne du projet que faict le Pape tout le
contraire de ce à quoy il aspire : qui est de rendre les catholiques-
d’Angleterre plus miserables que jamais, leur faisant prendre les
armes contre les lois du Royaulme et le legitime honneur d’iceluy. Si
Dieu ne m’eust touché le cœur de la recognoissance de la verité de
nostre religion, la condition des catholiques de ce Royaulme n’eust
amendé par les desseings faicts en iceluy. sous pretexte de pieté.
C’est un exemple si recent et si fort, qu’il doibt servir de guide et de
regle en la direction des affaires d’Angleterre, aprés le deces _de la dicte
Boyne, ou les mouvemens seront encore plus soudains et plus violens
qu’ils ont esté en la France, parceJqu’il n’y a point de forteresses en _
l Angleterre, et qu’ils ont accoutumé d'y vider leurs dilferends par ba-
tailles en peu de temps. Le roy d’Escosse est le vray heritier du dict
royaulme ; il sera toujours prest pour en recueillir la succession plus
tostque nuliaultre, et ne faut pas que Sa Sainctté pense que les
brefs qu’elle a envoyez à son nonce, pour faire tenir aux catholicqucs
du pays, soient suflisans pour dresser à finstant une partie qui soit
assez forte potu resister et faire teste à l’aultre. C’est faire un faux
compte de s’y attendre. Les dicts Espagnols dressent mieulx leur par- `
tie en voulant s’establir en Irlande, en intention .de s’estendre encore
en Angleterre, s’ils peuvent, devant que la dicte Royne decede ; mais
je n’ay pas opinion.qu’ils s’en trouvent bien.,
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DE HENRI IV.