Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome5.djvu/545

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

I 520 I LETTRES MISSIVES _ Pour moy, je desire, comme Sa Saincteté, que le dict royaulme d’Angleterre tombe entre les mains d’un prince catholique ; je n’ignore aussy les raisons qui me doivent faire desirer que ceste couronne demeure separée de celle d’Escosse, ny celles qui me doivent donner jalousie des alliances qu’a le roy d’Escosse en mon Royaulme ; mais o’est injustice de S’0PPOSB1` à la justice, et imprudence de s’engager en une entreprise peu reussible, comme celle que l’on propose à’Sa Saincteté. Je dis qu’il seroit plus equitable, facile et utile a la reli- gion catholique, de penser ai reduire leidict roy d’Esc osse au giron de l’Eglise, qu’à s’opposer à son establissement par les moyens qui ont "esté ouverts à Sa Saincteté. Je_n’en parle sans fondement. Tant il y a, que je declare et proteste que je ne pretends rien au dict royaulme, que d’empescher que les Espagnols s’en emparent sous — pretexte de pieté et de contenter Sa Saincteté : car leur accroissement ' m'est trop suspect, vivant avec moy comme ils font, et manifestant tous les jours leur ambition en Italie et ailleurs par tous moyens ex- . traordinaires. A quoy seroit meshuy temps que Sa Saincteté prist_ garde de plus prés qu’elle ne faict ; car c’est chose qui n’importe moins à sa maison qu’aux aultres, comme j’auray à plaisir que vous remons- ` triés quelquefois au cardinal Aldobrandin, et mesme à Sa Saincteté, ' si l’un ou l’autre vous donne argument de le faire..Car, mon Cousin, cesgens vous gagnent pays partout où ils peuvent s’estendre, et n’es- pargnent or ny argent pour ce faire. Que n'ont—ils Iaict en Suisse, pour traverser le renouvellement de mon alliance? Considerés ce qu’ils advancent en Italie, et à quoy tendoit fentreprise de Barbarie. Penses-vousaussy qu’ils se soient mis en aulcun debvoir de me con- tenter sur cé qui a esté faict à mon ambassadeur qui estoit en Es- pagne}? Ils .ont mesprisé les conseils, et prieres de Sa Saincteté sur ce faict, et n’ont faict aulcune raison à mes subjects, quiils ont tyrannisez en leurs ports depuis la paix. Voilà comment ils vivent avec moy. Sur cela ils publient que je veulx commencer la guerre, ° Voyez ci-dessus, lettre du àiaoût et la note. .