Seigneur saiche s'en pre_valoir, estant de naturel et si mal servy qu’il
est ; car j’ay opinion qu’ilrecl1ercl1era plus la paix que la guerre, telle-
ment qu’il ne fauldra qu’a l’Empereur qu’elle ne, se face ; de quoy la
diisgrace du siege de Canise le pourroit disposer, et d’autant plus que
les Espagnols sont encore battus en Irlande et en Hollande ; qui sera
cause qu’ils nien pourront estre assistez, comme il a esté cy-devant.
Toutesfois le Pape l’en dellendra tant qu’il pourra ; mais, s’il nlest
assisté, il sera contrainct de passer par dessus toutes considerations
et respects, et s’accommoder. J’ay sceu que les corsaires d’AIger i
traictent aussy mal mes subjects ou ils les rencontrent, que les autres,
et certainement si L je n’estois plus jaloux de Pobservation de ma foy
que le dict Seigneur et ses ministres ne le sont de la leur en ce qui
' me concerne, je serois bien tost persuadé d'entrer en ceste partie,
tant luy et ses gens me donnent occasion de- me defier et me plaindre "
d’eux. Toutesfois, j’ay_deIiberé d’en surseoir encore la resolution, pour
esprouver leur volonté et prudence, —aprés toutes les fortunes diverses ‘
, et, sy, celles qui les menacent pour les ruiner, comme j’ay appris par-
vos lettres des llllc et XV1l1° de novembre, que j’ay receues ensemble .
_Ie xv° du present. Au moyen de quoy, observés leurs deliberations et,
` actions, alnn de m’en donner advis, et si le Sigal continue de traver-
ser? mes affaires, et qu’il n’y ayt moyen de l’en divertir, prenés-le à i
partie etivous bandés et formalisés ouvertement contre luy en mon
110111, ainsy que vous jugerés expedient de le faire. Car je vois q ue
mon indulgence et ma patience les rendent plus temeraires et inso-
lens que devant, ayant osé vous accuser de desloyauté et attaquer
vostre personne et la dignité de vostre charge ; car si vous aviés in-
telligence avec les ennemys de ce Seigneur durant vostre legation,
vous m’oH’enseriés autant que luy.•Purgés—vous donc envers ce Sei-
gneur et ses principaux ministres de ceste calomnie ; car, à_ mon re-
gard, j’ay trop esp1 ouvé vostre lidelité pour en doubter. Mais il me
desplait assez de ne pouvoir retirer le duc de Mercure du_ lieu ou il
— ’ Le Ms. donne là: de favoriser. E A
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DE HENRI IV.