Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/150

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juste occasion d’estre contentes et se louer l’une de l’aultre. En verité, j’ay pris en tres bonne part l’ofhce que mon dict cousin felecteur avoulu faire envers moy pour le dict duc de Bouillon, tant pour estre allié de ma cousine l’electrice, sa femme, que parce qu’il croit qu’il est innocent de ce dont il est accuse. C’est pourquoy j’ay voulu, du commencement, oublier, pour l’amour de luy, la faulte que le dict duc avoit faicte d’avoir desobei à mes commandemens, ne m’estant venu trouver quand je l’avois mande, luy ouvrant ensemble la porte de ma justice et celle de ma clemence : l’une pour se purger par la voie ordinaire d’icelle, suivant mon edict de pacification et les lois de mon Royaume, et l’aultre pour luy donner moyen de recognoistre sa faulte et se rendre digne de grace, comme ont faict ceulx de l’exemple desquels il veut bien se prevaloir pour favoriser finstance que faict pres de luy mon dict cousin l’electeur, mais qu’il refuse d’imiter pour s’en rendre digne.

S’il est innocent, comme il publie, qu’il se justiüe. Je promets encore à mon dict cousin, par ma dicte lettre, luy faire bonne et favorable justice par mon edict de pacification et les lois de mon Royaume ; mais s’il a failly et se ressent coupable, pourquoya-t—il honte de confesser son peché, comme ont faict tous les aultres, pour inciter les effects de ma clemence, qui luy est asseurée? ll allegue qu’il craint mon couroux et sa vie, et qu’il aime mieux perdre celle cy que de advouer chose qui prejudicie à son honneur. Tapprouve et loue sa response et consideration au dernier chef, car s’il est innocent, je serois tres marry qu’il dist ny fist chose qui le peust faire estimer coupable et blesser sa reputation, mais il ne peut apprehender mon couroux et fonder sur ’cela la vanité de sa vie (mesmement ayant offert et promis à mon dict cousin l’electeur de le proteger et favoriser en justice) sans m’accuser d’in_iustice et mauvaise foy, de quoy je n’ay donné occasion jusques à present a personne vivante seulement de me soupçonner. Et vous diray que je l’eusse appellé pour tesmoin de mon equanimité et bonté de preference à tous mes aultres subjects et serviteurs, si me fusse trouvé en peine de la prouver, pour favoir