Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/200

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LETTRES MISSIVES
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et aider à des ellects tous_contraires, et mesmes à traverser les des- seins des Espagnols, desquels la convoitise est insatiable. Pourtant I je vous prie n’ad_iouster foi à ceux qui vous diront le contraire, et mesmes persuader à vos amys de faire de mesme, jugeant de mes’in— tentions par mes actions, c’est à dire par le bien ou mal que je feray à mes dicts anciens alliez et à mes dicts subjects de la religion pre- tendue reformée, non à Vappetit du duc de Bouillon et de ses sem- blables, lesquels transportez de haine et d’animosité contre ma per- sonne et mon Estat, publient et repandent partout artilicieusement des calomnies et mauvais bruicts de moy, pour aliener de moy mes dicts amys_ et leur donner mauvaise odeur ide mes intentions, sans considerer qu’en ce faisant ils font peut—estre plus de prejudice aux princes auxquels ils adressent leurs mensonges qu’à moy-mesme, comme j’espere que les dicts princes cognoistront avec le temps. Cependant je vous diray que j’ay_ veu le connestable de Castille en son passage par icy. Il m'a dict que son maistre l’envoyoit pour le ser- vir auprés des archiducs, tant a faire la paix qu’à continuer la guerre, sans estre entré plus avant en discours avec moy des moyens qu’il pretend employer pour l’un et pour l’aultre, m’ayant parlé de toutes choses fort generalement, sans avoir recherche 1non aide et entremise au faict de la dicte paix, ny avoir faict demonstration de desirer de moy aulcun oflice d'amitié en ce qu’il a charge d’executer. Et luy ayant demandé s’il passeroit bien tost en Angleterre,‘ il m’a respondu qu’il ne s’y embarqueroit sansgrandes considerations. Or nous sçau- ‘ rons bien tost comment il s’y conduira ; mais j’ay bien opinion que son arrivée et residence auprés de l’archiduc Albert n’amendera pas ‘ leurs alïaires, à cause de la discorde que y apportera. J'ay adverty de tout mon bo11 frere le roy d’Angleterre, lequel continue à m’asseurer qu’il 118 traictera rien avec les dicts Espagnols et l'archiduc Albert au prejudice de ses bons amys, et mesme des Estats des Bays-Bas, ny sans me le communiquer et en avoir mon advis ; quoy faisant, _j’es- `pere qu’il s’en trouvera bien et la cause publique. Ainsy lion parle que __ ‘_ Èle dict connestable doit poursuivre l’election d’un roy des Romains,