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LETTRES MISSIVES
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et advantageusement s’ils pouvoient vaincre et regagner les dicts Pays- Bas, ainsy que vous aves sagement et sufhsamment represente au dict roy ; de sorte que tout le commandement que je vous feray par la presente sera de poursuivre votre poincte envers luy et ses principaux conseillers pour le dissuader de delaisser les dicts Estats et d'en souf- frir ou consentir la ruyne. Les langages indiscrets tenus par la dicte royne contre la France ne doihvent estre mis en nonchalloir, non plus que la proposition de la ligue ollensive et dellensive faicte d’abordee par les commissaires d’Espagne. Encore que les autres ayent declare n’y vouloir entendre, ce sont errcs qu’ils peuvent reprendre quand ils voudront, et qu’ils traicteront secrettement, s’ils veulent y entendre de part et d’autre. Par tant il fault y avoir l'œil, principallement à cause de la foiblesse du dict roy et de sa duplicite remarquée et esprouvée en diverses occasions. Mais pour cela vous ne debves laisser à luy monstrer que j’ay toute confiance en sa foy, luy donner jalousie de celle des dicts Espagnols et de leurs intelligences et corruptions secrettes envers les catholiques, et luy faire considerer combien il nous importe d’em- pescher qu’ils n’augmentent leur puissance des forces hollandoises. Continues aussy à m’advertir diligemment de tout ce qui s’advancera en ce traicte, et n’obmettes à faire chose que vous cognoistres pouvoir ayder à le traverser, avec vostre discretion ordinaire. Si j’eusse cru pouvoir divertir le dict roy d’Angleterre de la paix, en luy ollrant de faire la guerre avec luy pour chasser les Espagnols des Pays-Bas, je n’eusse pas faict difficulte de m'y engaiger depuis que j'ay descouvert ` la mauvaise foy des dicts Espagnols en mon endroit ; mais vous sçaves combien le dict roy s’est tousjours monstre aliene de ce desseing, sur lequel il lut assez sonde par le marquis de Rosny en son voyage. Je vous diray encores que si sur les dilïncultez qui peuvent intervenir en ce traicte vous recognoisses les conseillers du dict roy estre ca- pables et disposez de se laisser chatouiller et rechercher de ceste ouverture, ne perdes l’occasion de leur en donner le goust, pour les attirer, s’il est possible, à y entendre. Car quand cela ne serviroit