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Page:Henri IV - Lettres Missives - Tome6.djvu/657

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DE HENRI IV. ôlll plus que chacun estime avoir interest pour le bien de son Estat que ce différend soit bien tost assoupy et composé, pour les divers 'incon— . veniens et accidens qui en peuvent naistre : tellement que celle des parties qui sera recogneue empescher le dict accord attirera sur elle l’ire de Dieu, le blasme et le reproche des siens, avec la haine et la malveillance de tous les autres, ausquels toutes sortes de considera— tions etraisons m’obligeront de me joindre, voire de servir d’exemple ; car, commeiRoy Tres Chrestien et premier fils de l’Eglise, je doibs es- pouser le bien general d’icelle par preference. Davantage si le Pape et la Republique entrent en guerre, je preveoy que je seray contrainct de m’en mesler par raison d'Estat, ce qui sera suivy d’infinis accidens, qui ne peuvent estre preveus ny apprehendez comme il convient, i que par ceux qui ont fame aussy nette et vuide de convoitise, d’ani mosité et autres semblables passions qu’est la mienne. Enfin si la Re- publique veut conserver la reputation de la justice de sa cause et de sa sagesse, et pareillement ses vrays amys, elle doibt se mettre en tout debvoir honneste de terminer et finir doulcement ce diffe- rend, et faire cognoistre par sa conduicte qu’elle entend vrayement preferer la gloire de Dieu et l’utilité et tranquillité publique a toutes autres considerations, fondées en formalitez et punctilles non neces- saires ny importans aux fondemens de leur Estat. Ce faisant, verita-_ blement ils engageront en leur cause celle de tous les autres, et, qui plus est, meriteront que Dieu les assiste, sans quoy ils ne peuvent ' prosperer. Je ne suis marry que vous ayés retranché de la proposition que je vous avois commandé leur faire ce que vous avés jugé à propos. Je vous avois aussy permis de le faire par ma dicte depesche du Xllc de may. Je preveois, si ces Seigneurs continuent en leur dureté, en cas que le Pape se modere en facilitant les affaires, que nous serons tous contraincts de leur faire remonstrer, en termes plus fermes et exprés, ce qu’il convient qu’ils facent pour leur propre bien, que nous n’a- vons pas encores faict, affin de ne les abuser en les Hattant et espar- gnant, comme feront ceux qui les pousseront d’y engager leurs armes. LETTRES DE HENRI ]V —VI. 81