DE HENRI IV. 651 serve ce subject pour me tailler sous cape quelque nouvelle besogne, ' comme il parut bien tost aprés, par le refus que fit le dict duc de Sa- voye d’accomplir et observer l’accord simule qu’il lit avec moy quand il me vint trouver exprès pour me tromper ; ce qui a esté cause que j’ay toujours vescu en deiliance de la foy des dicts Espagnols, et que j’ay tendu la main aux dicts ’Estats, prevoyant, si je les laissois perdre, ou accorder avec eux sans moy, qu’ils auroient moyen aprés d’exe- cuter contre, moy et mon Royaume, et contre mes bons voisins et alliez, leurs vengeances et les autres passions qui leur servent de guide etlde raison en leur conduite. Tellement que, quoy qu’ils ayent peu ou voulu depuis me faire dire, proposer et promettre, pour me faire departir de la susdicte intelligence et conjonction avec les dicts Estats, j’ay jugé ne le devoir faire ; ce qui a peu servir de quelque sorte de pretexte aux dicts Espagnols d’entreprendre et d’attenter depuis, si souvent qu'ils ont faict, contre ma personne et mon Royaume, par les moyens qui ont esté averez et notoires à tout le monde, si l’on peut justifier ou excuser en quelque façon telles especes d’entreprises ou trahisons brassées sous couleur d’amit1 et de bonne foy, mesmes contre la vie des roys et princes souverains. Comment peuvent-ils pallier, ou couvrir autrement que d’un pur desadveu et elfrontée ne- gative, ce qu’ils font et attentent tous les jours contre le roy mon frere, i lequel avec ses serviteurs, depuis son advenement aux couronnes d’Angleterre et d’Irlande, leur a faict paroistre tant de bonne volonté et les a en tant de. manieres obligez à conserver son amitié et se re— vancher, en procurant et desirant sa prosperité, des faveurs extraor— . dinaires qu’ils ont receues et reçoivent encore journellement de sa 1 debonnaireté et cordialitel) Veritablement tel proccde doibt servir à confirmer ceux qui, à bon droict, se deflient de leur foy, à augmenter , de vigilance et de mefiance de leurs actions et à advertir les autres de Siy joindre, affin de ne tomber dedans leurs pieges, lesquels ils ` masquent et couvrent de pieté. Cest ce que j’ay estimé faire dire au dict roy mon frere, sur l’oc— casion de ceste derniere conspiration, non pour l’animer contre ceste _ 82
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