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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

pour l’humanité tout entière, et c’est pourquoi je me permets d’en parler.

Ce problème est, dit-on, insoluble. Aussi ne le résoudrai-je pas. Je vous demanderai seulement la permission d’émettre tout bas, mais si bas que vous l’entendrez à peine et que vous l’oublierez tout de suite… une opinion.

Hélas ! j’ose à peine l’émettre, et je rougis qu’elle m’ait traversé la cervelle.

Il y a des gens, des poètes, ceux-là… qui attribuent la venue de ce fléau à des causes aussi vagues que lui-même… Le vent qui souffle de l’est et raye de filets de pluie les feuilles d’un arbre favori… l’écho qui répète le cri d’une chouette dans la campagne… une girouette éplorée se balançant sur un pignon chauve… le chant d’une jeune femme ou le hurlement d’un chien au milieu du silence des bois… une étoile qui file, et dont la fuite fait rêver l’esprit à des mondes inconnus… que sais-je encore de lugubre, de romantique et d’aérien ! La litanie en remplirait dix pages.

Je crois que ces hommes-là confondent le moyen avec la cause ; et la preuve, c’est que les poésies ci-dessus décrites diffèrent d’effet selon les capricieuses dispositions de notre âme. Nul ne peut nier que les mêmes choses, qui font aujourd’hui jaillir les larmes de ses yeux, le laisseront indifférent demain. Il faut donc chercher en nous la cause qui n’existe qu’en nous.

La mélancolie est une maladie de l’âme. Première opinion, qui n’est pas la mienne. Pourquoi l’âme serait-elle malade ? nous retombons toujours dans les pourquoi. D’ailleurs l’âme est immatérielle. Toute maladie est une décomposition. L’âme est une.

Voulez-vous m’en croire ? La mélancolie est une maladie, mais c’est une maladie… du corps. Eh ! mon Dieu ! oui, du