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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

cette façon d’agir m’a empêché de cultiver sa connaissance.

— Ce serait différent s’il en était ainsi.

— Savez-vous lire ? »

Le silence régna.

« Quelqu’un d’ici sait-il lire ? »

Le silence régna plus prolongé et plus profond.

L’hôte cependant le rompit.

« Ma fille que voilà a été deux ans à l’école, dit-il avec orgueil.

— Eh bien ! que mademoiselle veuille visiter mon portefeuille. »

L’hôtesse fit un bond en avant.

« Mossieu, dit-elle, ma fille n’a jamais regardé dans la poche d’un mossieu.

— Allons, pensai-je, la scène se complique… Inspecteur, séducteur ! Décidément il ne fait pas très-bon pour nous dans cette maison. Oh ! les voyages ! Que ne suis-je auprès de mon bureau, les yeux fixés sur ce papier blanc, qui inspire à Gautier tant d’idées mélancoliques et à sa plume tant de folles pensées ; le plus grand plaisir d’une excursion, c’est, je crois, d’en être revenu. »

Fritz avait saisi mon pistolet.

Je me retranchai derrière lui ; et d’une voix lamentable :

« La carte au nom des dieux ! m’écriai-je.

— Et le passage, ajouta Fritz, avec sa magnifique voix de basse.

— Du moment où vous n’êtes pas des inspecteurs, dit le chœur.

— Vous pouvez rester, monsieur, et passer la nuit. »

Je jetai un regard sur la porte… Les hommes et les bâtons avaient disparu, sans attendre la fin de la scène.