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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

honorée, qui montre ses bras aux gens. Pour moi, les bras me font honorer la femme.

Elle avait une petite bouche, rouge comme le coin d’une pomme d’api. Quand elle souriait, je voyais des dents qui ne ressemblaient nullement à des perles ; elles étaient beaucoup moins rondes et beaucoup plus blanches.

Elle avait des yeux bleus, tout à fait bleus, inévitablement bleus, bleus comme l’azur ou la turquoise. Quand elle regardait les cavaliers, une flamme miroitante s’exhalait de ce regard ; on eût dit qu’elle nous adorait tous, ce qui m’eût, en passant, fort mécontenté, si j’eusse été adoré seul.

La neige est un des plus charmants ornements de la nature ; mais elle gâte le cou d’une femme. Ma danseuse n’avait pas un cou de neige. Seulement, sous sa peau transparente courait un réseau de veines bleues qui me faisaient venir des idées de vampire ; ce sang devait être exquis à goûter. Vraiment, si j’avais pu…

Elle avait des mains… Les yeux, quoi qu’on en dise, sont les représentants de la beauté physique ; les mains, de la beauté morale. La main, c’est toute la femme. Vous me pardonnerez, lectrice, si, vous exposant ce système, je ne décris pas la main de la danseuse.

Vous dire comment j’exige une main, n’est-ce pas vous dire comment je vois la vôtre ? Et si je me trompais… Et si le programme n’était pas fidèle à vous, au si vous n’étiez pas fidèle au programme… Entrevoyez-vous quel amas de calamités !

Ou vous me croiriez, et que deviendriez-vous ? ou vous ne me croiriez pas, et que deviendrais-je ?

Elle avait… oh ! que n’avait-elle pas, ma danseuse ? Et puis elle était si coquettement mise ! Sa robe blanche lui allait si bien ; sa ceinture bleue était nouée avec tant de grâce ; n’est-ce