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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

Je vous donnerais bien la règle de cette récréation si goûtée ; mais, outre qu’il vous est facile de vous la procurer ailleurs, et que je ne vais point sur les brisées des marchands de jouets, je craindrais d’errer en quelque manière, et de m’attirer la fureur des demoiselles de l’île Saint-Louis que je ne pourrais plus traverser sans trembler pour mes jours,

Non-seulement les demoiselles connaissent ce jeu, mais elles paraissent l’affectionner singulièrement. En passant, je vous souffle à l’oreille que chaque joueur a droit d’unir les jetons qu’il possède aux ressources d’un des combattants ; on a les mêmes cartes, si l’on veut ; on se place l’un près de l’autre, et l’entretien et les conseils suivent leur cours à voix basse. Quel plaisir pour elle et lui ! Puis, qui peut empêcher que les pieds ne se rencontrent ? Ne faut-il donc pas s’avertir ?

Recevez, cher ignorant du bog, cet unique et excellent avis : si vous n’êtes ni elle ni lui, quand vous verrez, dans un salon de l’île, une grande table, à tapis vert, surmontée d’un carton peint et d’un nombre considérable de jetons, feignez une grave indisposition, évanouissez-vous s’il le faut ; trouvez un moyen de fuir… C’est le bog !