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VIII

la bête ombrée. — le père souriceau. — le jardin de l’archevêché. — les enfants. — grande querelle.


Il est un autre jeu, peu connu à Paris, et si vénérable par son antiquité, qu’on ne risque guère de le rencontrer ailleurs qu’en deux ou trois salons de l’île Saint-Louis. Ces deux ou trois salons fermés, le jeu aura cessé d’exister, dans la capitale s’entend, car les six ou huit départements du centre lui sont jusqu’à présent demeurés strictement fidèles. Le centre du jeu est en Berry ; l’île Saint-Louis forme l’extrémité de son plus long rayon.

Ce jeu a nom : la bête ombrée.

Il se joue à quatre, comme le whist, et les connaisseurs le proclament infiniment plus amusant, ce que je n’ai aucune peine à croire, ni vous non plus sans doute.

Je l’avais perdu de vue depuis cinq ans, lorsque je le retrouvai rue des Deux-Ponts. Il remplaçait le boston qu’un joueur ignorait. Ce joueur, provincial tout frais débarqué, a pris place dans ma mémoire comme un de ces types créés par l’imagination de Scott ou de Balzac.