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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

« Vous êtes donc sorcier ? » criait-il quelquefois, si l’un de nous s’amusait à lui jeter ces mots d’un bout de la table à l’autre :

« Père Souriceau, vous avez l’as de cœur !

« Père Souriceau, vous avez le neuf de pique !

— Comment savez-vous ça, mon ami ?

— C’est mon secret, monsieur Souriceau ».

Et M. Souriceau demeurait les yeux hagards ; et la partie finie, il redemandait encore :

« Comment donc savez-vous que j’avais le neuf de pique ? »

Et voilà pourquoi M. Souriceau perdait toujours.

Pauvre bonhomme ! Si jamais la Candeur se revêt de chair humaine, je ne lui conseille pas de choisir pour asile le corps d’une jeune fille ; son sanctuaire naturel, c’est le cœur et la cervelle de M. Souriceau.

M. Souriceau fut destitué pour opinions avancées.

Mais laissons l’île Saint-Louis et ces débris de la bourgeoisie que 1848 a blessée au cœur et qui n’attend qu’un dernier coup pour mourir. La barque vole ; nous voici au jardin de l’Archevêché : plus loin, c’est Notre-Dame ; plus loin encore l’Hôtel-Dieu.

Le jardin de l’Archevêché. Ne devrions-nous pas dire l’archevêché ? Lugubre souvenir.

Quand je vins à Paris pour la première fois, j’étais enfant. J’arrivais d’une ville où la religion est en honneur, où le nom de palais, attribué à la demeure de l’évêque, n’est rien