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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

en proie aux frimas, sans recevoir un salut du passant, image des grandeurs terrestres, que l’on chante dans son intérêt, que l’on adore pour soi.

Je regrette de n’avoir transcrit aucun de ces vers ; mais, si la postérité s’en occupe, peut-être les retrouvera-t-elle mieux où ils sont que sur cette humble feuille.

Puis je crois qu’à ma place vous eussiez songé à toute autre chose.

J’eus peine à trouver un bout de banc à la droite du comptoir. Peut-être même mes efforts eussent-ils été inutiles, si l’hôtesse, devinant en moi (ce qu’elle me dit plus tard) un personnage remarquable et influent, n’eût quitté son siège avec une hâte relative, et ne fût venue interposer son autorité dans une discussion élevée à mon sujet entre mes deux voisins, les mieux accoutrés, sans contredit, parmi toute l’assemblée,

Seuls, ils n’avaient ni blouse ni casquette.

L’un portait une redingote graisseuse et un chapeau efflanqué.

L’autre eût été vêtu d’une affreuse veste marron, s’il ne l’eût précieusement tenue ployée en quatre entre son bras et son côté. Son front chauve était orné d’un béret gris.

Que pouvaient être ces gens-là ?

Le premier, à la barbe noire, au visage terreux, m’apparut comme un de ces artistes populaires, auteurs de quelques-unes des caricatures étalées sur la muraille.

Ce serait une bien curieuse étude à faire que celle du peuple parisien considéré au point de vue de l’art. Ne vous y méprenez pas, ce peuple a ses artistes comme il a ses poètes.