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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

impuissante désormais à défendre son quadrilatère, faisait l’Italie libre jusqu’à l’Adriatique.

On attendit longtemps ; mais enfin sonna l’heure fatale ; le monde se courba, et quand ses yeux s’ouvrirent, la montagne était accouchée… de la fontaine Saint-Michel.

Et maintenant agissez, ô puissances de la terre ! il vous sera à jamais impossible de persuader aux étrangers qu’il existe à Paris une fontaine monumentale. Les commissionnaires, eux-mêmes, ces ciceroni français, ont refusé de conduire les provinciaux ignorants à cette place, que mon canot côtoie. L’espoir s’est envolé sur les ailes de la chimère, et ce qu’il en est resté, le voici :

Quatre colonnes roses, plaquées sur un mur blanc ; un monsieur très-légèrement vêtu d’une tunique romaine, piétinant à plaisir sur une créature grisâtre.

Puis au-dessous :

Deux monstres antédiluviens, conduits par de petits amours, et vomissant à grand effort deux gouttes d’eau saumâtre, à cinquante pas de la Seine, qui semble couler là pour en rire.

Le tout, monstres, amours, colonnes roses et anges des cieux, donnant assez exactement l’idée d’un gigantesque bénitier, construit à quatre époques différentes.

À condition que ces quatre époques ne soient :

Ni le siècle de Périclès ;

Ni le siècle d’Adrien ;

Ni le siècle de Léon X ;

Ni même ce siècle de Louis XV, si charmant et si maniéré où l’on eût peut-être sculpté des amours et taillé du marbre