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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

vance, afin que votre opinion tardive ne s’épanche pas désagréablement envers nous : vous nous estimerez peut-être en raison du mépris que vous déverserez sur les autres.

Les autres, vous pouvez en apercevoir des échantillons variés dans les petits jardins qui avoisinent le Louvre, et qui, depuis quelque temps, sont ouverts au public. Je ne vais pas chercher mes exemples plus loin ; le hasard dissémine les types dans cette bande étroite de fleurs et de gazon.

Autrefois, on se promenait pour se promener ; on aimait les jardins, parce qu’on aimait l’air frais, le parfum des plantes, le sable criant sous les pieds, le repos sur un banc de mousse. Avait-on du temps à perdre ? Aimait-on à perdre le temps ? Je ne sais. On voyait beaucoup de promeneurs.

Les rues aujourd’hui ne sont foulées que par des marcheurs. Nul ne rêve, nul ne songe, ou plutôt le rêve, le songe de chacun, c’est la possession d’un certain nombre de médailles, à l’effigie de n’importe quel roi, et les obtenir est le but de tous les pas.

Il semble cependant que les squares, — puisque nous parlons anglais, — devraient accueillir les rares promeneurs, survivant au temps passé. Il n’en est rien. À première vue, tous ces gens qui flânent, toutes ces bonnes qui se reposent, paraissent s’être délivrés des tracas de la vie matérielle, et par conséquent doivent donner leur pensée, sinon aux soins de la vie future, au moins aux images fantastiques de l’imagination. Erreur. Si vous voulez, nous allons évoquer Asmodée et, à l’aide de ce malin diable, déchirer le voile de chair qui recouvre tous ces cerveaux.


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BRA
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