En est-il un seul qui ait la pensée de Dieu ? Il est reconnu aujourd’hui que c’est la dernière chose dont un homme de bon sens ait à s’occuper. Devant eux est une église. Est-il un être qui en connaisse l’intérieur ? Pas un dans le sexe noble ; presque tous dans le sexe beau. Mais les femmes seraient bien étonnées, si nous leur disions qu’on entre dans l’église pour y prier.
Quittons donc la religion, et sondons les pensées humaines. S’il en est une qui vaille mieux que celle de mon lecteur et la mienne, je me déclare vaincu, je m’amende, j’offre mon estomac au jeûne, mon dos à la discipline.
Ce vieillard, appuyé sur son parapluie, malgré le plus éclatant des soleils, chaque jour se promène ainsi devant ces bancs chargés de femmes. Chacun pense qu’il vient ici pour aspirer un reste d’existence, avant de livrer son corps aux tombeaux. Il vient chercher des yeux quelque minois fripon ; c’est un disciple de Béranger, qui n’ose parler, mais qui regarde.
Deux hommes marchent en sens contraire ; l’un rit, l’autre est sombre. Le premier est un banquier, qui se réjouit de la faillite de son confrère ; le second un ancien militaire, qui se demande si sa femme le trompe ou si c’est lui qui trompe sa femme.
Mais voici trois jeunes gens ; ils sont vêtus avec recherche, gantés de frais, heureux de vivre. Leurs songes doivent être purs, ou, s’ils pensent à leurs maîtresses, Dieu le leur pardonnera.
Le premier est un journaliste ; tout en causant du drame d’hier, il se demande s’il n’est pas meilleur d’être légitimiste que démocrate, et si le Siècle paie mieux que la Gazette. Il le saura demain.
Le second est un gentilhomme : il rêve à l’ennui d’un jour