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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

sont irrésistibles ; ils vous soufflent à l’oreille des choses si grandes, si grandes, que vous vous réveillez un matin de cet horrible et charmant cauchemar, soit sur les marches du trône, soit aux pieds d’un tribunal.

Les résultats sont alléchants ; mais que voulez-vous ? je ne comprends pas les charmes de la route.

Aujourd’hui l’on change pour changer. Ou je ne sais quelles sottises avaient faites nos aïeux ; car il se trouve que, partout où ils avaient mis des arbres, il nous faut des maisons, et que partout où ils avaient mis des maisons, il nous faut maintenant des arbres.

Il y a peu de jours, je me promenais au bois de Vincennes, lorsque je vis une chose étrange.

Pour mieux dire, je la sentis avant de la voir ; car, absorbé par des rêves de diverse nature, je me heurtai contre elle, avant de l’avoir remarquée.

C’était un grillage en bois, qui, je m’en aperçus alors, s’étendait jusqu’à l’horizon, environnant de ses piquets toute la partie touffue de la forêt, qui tient la gauche de la grande avenue.

Et l’on remplissait de sable le sentier où j’étais.

J’écarquillai les yeux : je ne comprenais pas comment ce grillage avait poussé.

Mais les grillages viennent vite, au siècle où nous vivons.

En me retournant en tous sens, la première réflexion que je dis eut trait à un souvenir.

Je conçus clairement,

1o Qu’il y avait quinze jours à peine, je m’étais, solus cum solà enfoncé dans ces massifs, que je m’étais reposé sous un