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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

— Vous comprenez ?

— Pardieu. Mais, mon ami (?), si ces terrains sont à la ville, à qui appartient le reste de la forêt ?

— À l’État.

— Le père ici est donc meilleur que la mère, et l’État moins mauvais maître que la ville ? »

L’ouvrier parut ne pas comprendre cette distinction.

« Sans doute, continuai-je, puisque le père ne nous défend pas de nous rouler sous ses futaies, tandis que la mère nous met à la porte de son appartement.

— Mais, monsieur, puisque la ville veut vendre…

— Mais, mon brave ami (??), je blâme cette intention. Une bonne mère doit son bien à ses enfants. Vendre, et vendre pour bâtir des maisons, c’est une faute inexcusable. En fût-il autrement, je me demande encore comment nos pas sur ce gazon l’empêcheraient d’en tirer un bon prix. Mais, Dieu me protège, je ne me trompe pas. Derrière cette haie, il y a des dames. Ce sont des privilégiées.

— Non, fit l’ouvrier ; je vais leur dire qu’elles se trompent. »

Ces dames étaient déjà convaincues de leur erreur. Elles regardèrent par-dessus la grille, et rebroussèrent chemin en grommelant.

« C’est que, voyez-vous, me dit l’ouvrier, on n’a fermé que trois côtés.

— Et ces dames ont pénétré par le quatrième. Savez-vous, mon ami, que voilà une idée lumineuse ?

— Laquelle ?

— Celle qui a produit cette clôture incomplète. Voyez-vous d’ici tous les grands propriétaires suivre cet énergique exemple ? Autrefois un homme qui voulait défendre sa terre contre les passants pillards, ne trouvait rien de mieux que de leur en interdire l’approche. Mieux valait prévenir que punir.