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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

Aujourd’hui la ville change tout cela. Désormais on laissera un côté librement ouvert ; puis quand le malheureux, introduit par erreur, aura fait une lieue en avant, il sera contraint de refaire une lieue en arrière, sans détriment d’une troisième lieue au-dehors de la haie. Moi, plus cruel encore, je demande que le châtiment s’aggrave ; je veux qu’on place un garde à cette extrémité, et seulement à côté du garde l’écriteau qui conseille de ne point entrer dans l’enclos, bien entendu sous peine d’amende.

— Monsieur, fit mon ouvrier, il faut que je gagne mon pain. Vous comprenez…

— Que cela ne vous regarde nullement. Méditez néanmoins sur les bienfaits de notre père l’État, comparé à ceux de notre mère la Ville. La brouille se met au sein des meilleurs ménages ; n’allons pas trop loin, s’il est possible. Peut-être ces terrains sont-ils un cadeau du mari. Les petits cadeaux entretiennent…

— Les ouvriers, dit en riant mon homme, qui se remit à bêcher.

— Il y a plus de raison là-dedans, pensai-je, que dans tout ce que j’allais lui dire. — Avant de vous quitter, brave homme, et le sable ?

— Le sable ?

— Oui.

— Ah ! le sable… »

Il se gratta l’oreille.

« Il y est, dit-il…

— Parce qu’on l’y a semé. Merci. »

Je continuai ma route avec la lenteur d’un sage ; mais, au détour du chemin, je brisai lâchement un piquet.