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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

Et, quoi que vous disiez, je n’ai pas perdu mon temps, J’ai fait sur cette perturbation du corps, qu’on appelle la maladie, quantité d’observations piquantes, que je prétends consigner dans un prochain volume. Je vous en rapporterai seulement deux ou trois pour extrait.

La première a trait au début du mal, et exagère le système des symptômes, de manière à le faire éclater complètement. Les médecins, s’en étant toujours tenus aux impressions physiques, ont roulé d’erreurs en erreurs ; matérialistes comme le sont ces messieurs, ne voyant jamais que ce qu’ils touchent, et, pour ainsi dire, ne possédant qu’un sens, à peine l’égal des quatre autres, ils ont admirablement analysé les différentes parties palpables du corps humain, oubliant seulement dans leurs énumérations une sorte de petite flamme bleue, qui s’évapore sous le scalpel, et que bien des gens nomment une âme. Or cette petite flamme est non seulement la cause de tous nos maux, soit que, trop ardente, elle dévore ce qui l’entoure, soit que, se glaçant, elle menace de s’éteindre ; mais encore je la crois capable de produire au dehors, très longtemps à l’avance, des pressentiments de la douleur, qui ne sont pas encore la douleur, mais qui peuvent s’appeler ses symptômes moraux.

L’alliance de l’être moral et de l’être physique ne se dissout que par la mort ; jusque-là les deux substances s’imprègnent si consciencieusement de leurs diverses humeurs, qu’elles en paraissent toutes confondues, et qu’il n’est pas étonnant que l’une ressente aussi vivement que les siennes propres les souffrances de sa compagne.

L’âme, étant supérieure à sa sœur la chair, jouit seule du