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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

Quelle était l’intention de ce monsieur ?

Allait-il, en sa qualité de capitaine d’un bâtiment supérieur au nôtre, nous héler, en nous priant de décliner nos prénoms et qualités ? Était-ce un pirate qui nous considérait comme de bonne prise ?

Je regardai tout autour de moi, et je vis que notre lest consistait en un paquet de cigares, échappé de la redingote de Fritz, tandis que ce malheureux poursuivait sa sarabande.

Les cigares n’étaient pas même de contrebande et n’avaient rien qui pût tenter l’avarice.

Je respirai.

D’ailleurs l’allégresse de Fritz ne m’était pas encore expliquée, et je crus un instant que sa folie avait pour cause la fascination exercée par l’œil de ce monsieur.

L’oiseau bondit sous le regard fixe du faucon.

Mais je réfléchis que les faucons négligent d’ordinaire les longues-vues, qui affaibliraient leur influence : il est difficile de se fier à la puissance magnétique des lunettes.

Ce monsieur pouvait être Satan ; mais quel rapport le vertueux Fritz avait-il avec l’esprit du mal ?

Et il fallait bien qu’il y eût un rapport entre eux, puisque soudain la barque, qui avait dépassé la frégate, tourna sur elle-même, et se rapprocha convulsivement de cette dernière.

Je me repris à l’idée de fascination.

Tout à coup nous nous arrêtâmes. Le monsieur était au-dessus de nous ; la longue-vue se détacha, et je reconnus…

Le monsieur sérieux de l’Hôtel-Dieu.

Solennellement il fit rentrer l’une dans l’autre les diffé-