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Page:Henri Maret Le tour du monde parisien 1862.djvu/299

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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

ce rire sarcastique, sous lequel se cachent tant de pensées profondes, ils l’eussent traité de légèreté.

Un écrivain contemporain, qu’il est parfaitement permis de ne pas aimer, mais dont nul ne saurait contester l’esprit, l’auteur de Tolla, ne se lavera jamais à leurs yeux de ses premiers exploits au Figaro.

Est-ce donc que je veuille défendre le petit journal ? À Dieu ne plaise. Je le préfère cependant aux organes sérieux de la médiocrité. Il est sot, absurde, si vous voulez, mais il vient à vous sans prétention ; il ne vous trompe pas.

Hommes du progrès et de l’avenir, seigneurs à la bouche pincée, géants de vanité et de sottise, souvenez-vous que votre galimatias a de tout temps été méprisé de la vraie grandeur. Ouvrez l’histoire, et vous y lirez votre condamnation.

Rabelais riait.

Molière riait.

Voltaire riait.

Plus récemment Byron et Musset, Sterne et Balzac ne riaient-ils pas ?

Vous, vous êtes, quoi que vous en disiez, les successeurs des pédagogues disparus.

Que de fécondité dans ces rires !

Que d’ignorante présomption dans les rides de votre front !

L’homme sérieux s’était donc assis.

Comme j’avais un crayon, et que je griffonnais dans mon coin :

« Monsieur écrit ? dit-il.

— Comme vous voyez. »