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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

les maîtres. Illusion courte d’ailleurs ; car les nombreux promeneurs, qui traversent les rues principales, témoignent d’une existence en désaccord complet avec le patriarcal repos de la province. Ici, c’est le silence relatif ; c’est la paix, si l’on veut, mais la paix fructueuse ; et on sent qu’il y a dans ces maisons des hommes qui attendent, et non des plantes qui végètent. Puis, les rares commerçants offrent cet aspect séducteur, que seules connaissent les vitrines d’une capitale ; le paradis est parfait, car la poésie des sens s’y joint à la poésie du cœur.

« Il y a surtout d’excellents pâtés, » dit Fritz.

Nous avions alors grimpé le long d’une éminence de gazon, qui se trouve à côté de la barrière des Batailles. Là, notre barque, amarrée soigneusement, nous nous étions assis côte à côte, et nous contemplions en silence les mille lumières qui scintillaient au fond du Champ-de-Mars, signalant au delà les veilles sereines du faubourg Saint-Germain.

Ce fut en ce moment que cette exclamation échappa à Fritz, et je m’aperçus que ses pensées avaient suivi un tout autre cours que les miennes.

Cela arrive.

Les impressions de la nature et de l’art sont multiples. Vous marchez aux côtés de votre meilleur ami, vous soutenez d’un bras votre maîtresse adorée et spirituelle, et, la même atmosphère vous enveloppant, la même affection dilatant vos