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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

çus bientôt sur le trottoir mon ivrogne chancelant et consolé, et chantant à tue-tête que le sort le plus doux est de mourir pour sa patrie.

Apparition du conducteur réclamant le prix du trajet.

Je passe quinze centimes.

Mon voisin transmet un louis.

« Pas de monnaie ! » crie le conducteur.

— « Ni moi non plus, » murmure le gros homme.

Cependant il fouille dans sa poche, et, tirant une poignée de sous :

« Tenez, voilà votre affaire, » dit-il.

Puis il se rassied, visiblement fâché qu’on ait surpris un tour de sa vanité.

« S’il fallait les écouter ! » grommelle le conducteur, en continuant sa tournée.

Je commence à trouver un certain plaisir à voyager sur l’impériale ; on n’y est pas assis d’une façon orientale, c’est vrai, mais on se fait à cet inconvénient, et le vent frais que la locomotion fait circuler autour de votre tête rend votre situation délicieuse par les chaleurs intolérables.

Puis il y a une autre compensation :

Nous sommes à la hauteur de tous les premiers étages des maisons, en sorte que nous voyons une foule de choses dont les gens qui passent sur le bitume ne soupçonnent pas même l’existence. D’abord ce sont les enseignes : quelle mine riche et fertile pour l’observateur ! l’enseigne, n’est-ce pas le mar-