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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

ne le comprend ; le mystère de sa grandeur est la plus réelle consécration de sa puissance.

Convenez, ami lecteur, vous qui êtes habitué à trouver partout et sous mille formes cette maudite réclame, convenez qu’à première vue vous avez hésité à entreprendre la lecture de ces pages, dans la crainte de l’y trouver encore. Il m’eût été si facile en effet, dans ce voyage, d’entremêler mes pensées de quelques éloges et de quelques adresses ; bien des gens ne s’en seraient pas aperçus : cela m’eût peu coûté, et peut-être eussé-je gagné beaucoup d’argent. C’était une faiblesse à laquelle je n’ai même pas songé ; elle m’eût révolté. Ma plume, à défaut d’autres mérites, gardera constamment celui de la franchise.

Ô imagination ! où m’entrainez-vous, chère folle ?

C’est qu’en vérité nous sommes demeurés longtemps au repos devant le bureau de la rue Royale. C’est mi-chemin, et presque toute la voiture s’est renouvelée.

Est-ce la fête des bossus, Seigneur ? En voici un second, qui monte… mais celui-là est merveilleux. C’est un nain ; il peut avoir trois pieds d’élévation : ses deux bosses, sa face jaune et rentrée, ses jambes invisibles, le font ressembler au Polichinelle des tréteaux. Il paraît tout jeune, on dirait même un enfant, mais sous ce point de vue ne vous fiez jamais aux bossus ; d’eux, plus encore que des femmes, l’on pourrait dire : ils n’ont point d’âge.