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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

Je ne sais pas si, en cherchant bien, je ne pourrais pas trouver une cause moins occulte aux sensations pénibles qui font battre mon cœur. Le quadrille des Lanciers n’est autre chose qu’un quadrille ; or un quadrille se joue et se danse dans un bal ; dans un bal !…

Ma foi, je ne m’étonnerais pas que ce fût un souvenir.

L’omnibus roule pesamment sur le pavé, dont il arrache les étincelles d’harmonie.

Vibrations endormantes et monotones.

L’air des Lanciers continue toujours.

Je ne m’endors pas, mais les débris de mon cigare m’échappent de la main, mes yeux se ferment, je m’assoupis, je rêve !

Mon âme vole dans les régions du souvenir !

Le voilà ! je le revois.

C’est bien un grand bal ;

Le salon est paré de lustres, de fleurs et de danseuses ;

La lumière rayonne, réfléchie par les cristaux :

L’air s’imprègne de parfums étouffants ;

Les femmes, lumières et parfums à la fois, bondissent étincelantes et joyeuses.

Et quand la danse est finie, lorsque l’orchestre jette ses dernières modulations, elles s’asseyent en riant, et passent un mouchoir embaumé sur leurs épaules brûlantes.

C’est un charmant spectacle.

Mais quelle est cette voix qui parle à mes côtés ?