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LE TOUR DU MONDE PARISIEN.

vie, que ferions-nous, s’il vous plaît ? Il n’est peut-être pas une sensation physique, pas un sentiment du cœur qui ne nous tue à petit feu. Bien fou qui pour cette considération renoncerait à sentir… Ce serait l’histoire de Gribouille, se jetant à l’eau pour ne pas se noyer.

Sur mon âme, je voulais condamner l’usage du tabac ; et voilà qu’au lieu d’une satire j’ai fait un panégyrique.

Un honnête savant en jetterait sa plume de colère.

Je crois qu’un philosophe la garderait.

Seulement il s’en servirait pour écrire une violente diatribe sur les desseins de l’homme, et sur les obstacles apportés à ses desseins par les circonstances et la nature. Il vous dirait qu’il ne faut se fier à rien sur la terre, que l’homme le plus convaincu peut d’un instant à l’autre changer de conviction, que tout est vanité, que le doute est la vie et que la seule vérité, c’est la mort.

Moi, qui ne suis ni savant ni philosophe, mais un pauvre niais de voyageur, qui rapporte simplement ses réflexions et ses rêves, je vous dirai :

« Je ne force personne à me croire, chacun ici-bas est libre de sa pensée, je laisse aller la mienne sur les ailes de l’imagination, et tout le monde sait que cette déesse est conduite par le hasard. »

Vous parlerai-je de la colonne Vendôme ?

Et qu’en dire ?

Il y a des trophées, dont on a tant parlé, qu’il est fastidieux de répéter leur nom. Cette colonne est du nombre.