Page:Henri Poincaré - Électricité et optique, 1901.djvu/624

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l'éther ; il n'en est pas moins vrai qu'on pourrait, sinon réaliser, au moins concevoir une expérience où le principe de réaction semblerait en défaut, puisque l'expérimentateur ne peut opérer que sur les corps pondérables et ne saurait atteindre l'éther. Cette conclusion semblera difficile à admettre. La théorie de Hertz ne donnait pas lieu à cette difficulté et était parfaitement d'accord avec le principe de la réaction (vide supra, p. 420). Dans cette théorie et dans l'exemple qui nous préoccupait plus haut il y aurait réaction du corps A non seule- ment sur l'éther, mais sur l'air où se trouve cet éther ; et quel- que raréfié que soit cet air, il y aurait égalité parfaite entre l'ac- tion subie par A et la réaction de A sur cet air. Cela tenait à ce que dans la théorie de Hertz, l'éther était entraîné totalement par la matière ; dans la théorie de Lorentz, au contraire, il n'en est pas de même, la réaction subie par l'air n'est qu'une très faible fraction de l'action subie par le corps A, et cette fraction est d'autant plus faible que l'air est plus raréfié. En réfléchissant à ce point, on voit que la difficulté n'est pas particulière a la théorie de Lorentz et qu'on aura beaucoup de peine à expliquer l'entraînement partiel des ondes sans violer le principe de l'égalité de l'action et de la réaction. Nous verrons plus loin si la conciliation est possible. THÉORIE DE J.-J. THOMSON 450. —Dans ses « Recenl Researches », J.-J. Thomson consacre un paragraphe à la propagation de la lumière dans un diélectrique en mouvement (§ 440, p. 543). Ce travail a été analysé en détail par M. Blondin dans la Lumière électrique du 4 novembre 1893, p. 201, et je n'y reviendrai pas. Je me contenterai de rappeler les principaux résultats. Soit Y la vitesse de propagation de la lumière dans le diélec- trique en repos ; soit v la vitesse de la matière du diélectrique, ou plutôt la projection de cette vitesse sur la direction de la pro- pagation des ondes ; soit 0 la vitesse de l'éther dans le diélec- trique qui serait nulle s'il n'y avait pas d'entraînement, qui serait égale à v si l'entraînement était total et qui aurait des valeurs