Page:Henri Poincaré - Dernières pensées, 1920.djvu/97

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ancêtres, m'ont appris que quand la sensation disparaissait, et que les sensations visuelles passaient de à , on pouvait rétablir la sensation par les mouvements correspondant à la suite . Je sais également que j'aurais pu obtenir le même résultat par d'autres mouvements se traduisant pour moi, non plus par la suite , mais par une autre suite ou .

Toutes ces suites de sensations musculaires , , ,... n'ont peut-être aucun élément commun, je les rapproche parce que je sais que les unes et les autres me permettent de rétablir la sensation toutes les fois que les sensations sont devenues . Dans notre langage habituel, à nous qui savons déjà la géométrie, nous dirons que les diverses suites de mouvements qui correspondent aux suites de sensations musculaires , , , ont ceci de commun que, dans les unes comme dans les autres, la position initiale, ainsi que la position finale de mon index reste la même. Tout le reste peut différer.

Je suis ainsi conduit à ne pas distinguer ces diverses suites , , , à les regarder comme un individu unique. Je n'en distinguerai pas non plus les suites de sensations musculaires qui en diffèrent trop peu. J'aurai alors de quoi construire un continu physique et j'ai, en effet, choisi les éléments de ce continu qui sont des suites de sensa-