Page:Henri Poincaré - Savants et écrivains, 1910.djvu/81

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assiduité à s’acquitter des plus petites tâches n’était pas pour déplaire à Gréard, homme de devoir et fonctionnaire modèle.

Gréard a été un novateur hardi, presque un révolutionnaire. Au premier abord, on aurait pu s’y méprendre ; en voyant cette belle tête calme, les conservateurs d’autrefois, ceux qui n’aimaient pas le désordre, auraient cru reconnaître un des leurs ; ils ne se seraient trompés qu’à demi. Quand Gréard effaçait quelque trace du passé, ce n’était jamais sans regret ; mais sa raison lui montrait le sacrifice à faire et il n’hésitait pas.

Lorsque la Nouvelle Sorbonne, qui était en grande partie son œuvre, commença à sortir de terre, il ressentit une légitime fierté ; mais il ne put oublier qu’elle s’élevait sur des ruines et il écrivit, dans un livre ému, ses Adieux à la Vieille Sorbonne. Là il évoqua tous les souvenirs qui s’attachaient à ces murs vénérables, les ombres de ces hommes d’étude qui y ont vécu d’une vie simple, qui ne pensaient pas comme nous, mais qui aimaient la pensée, et plus près de nous celles de ces maîtres glorieux dont la voix vibrante