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savants et écrivains

verte étonnante le fit connaître et du jour au lendemain le rendit célèbre. Il y a en Bohême une mine d’où l’on extrait une roche qui contient de nombreux éléments divers dont quelques-uns étaient regardés comme très rares ; or elle en contenait un que personne n’avait vu et qui était bien plus rare encore ; c’est à peine si chaque tonne en renfermait une fraction de milligramme. C’était le radium ; quand les Curie eurent isolé et rassemblé ce métal nouveau, on vit qu’il possédait les propriétés les plus surprenantes. Il en sort constamment des radiations que l’on peut assimiler à un flux de corpuscules électrisés, extraordinairement ténus, animés de vitesses presque aussi grandes que celles de la lumière. Ces corpuscules sont, croit-on, si légers que le radium pourrait en émettre pendant des milliards d’années sans que son poids diminue sensiblement. Quand ils atteignent un électroscope, ils le déchargent ; quand ils frappent certains corps, ils les illuminent, et, au premier abord, cette lumière semble éternelle, puisque la source en semble inépuisable.