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saccagé, disait-il, par ses serfs, et pour le moulin de Revisy, également en communauté entre les deux abbayes. Le moulin avait été détruit, le lit de la rivière détourné dans le ru des Essarts, des plantations d’ormes avaient été arrachées, la récolte des terres et des prés détruite. L’abbé de Pontigny se plaignait, de son côté, que les serfs de l’abbaye de Saint-Germain avaient rompu une écluse, dont il était résulté un grand dommage pour les prés ; il affirmait que les pâturages qui s’étendent depuis la rivière, au-dessous de Venousse, jusqu’à la maison des lépreux de Seignelay, lui appartenaient, ainsi que ceux qui se trouvent au-delà de l’eau vers la vallée païenne ; enfin, que les serfs de l’abbaye de Saint-Germain avaient maltraité ses bergers et ses pâtres ; qu’ils avaient étendu leurs mauvais traitemens jusque sur le bétail, dont ils avaient enlevé une partie. Les deux abbayes choisirent deux arbitres : Philippe, chantre d’Auxerre, et Henry, doyen de Tonnerre, et s’obligèrent, sous peine de cent marcs d’argent, à s’en tenir à leur décision, qui mit un terme à leurs plaintes réciproques.

Tandis que les grands se disputaient le sol de nos pays, le peuple languissait dans la misère, l’impôt se multipliait pour lui sous plusieurs noms. Aux tailles, péages, corvées, cens ou redevances légitimes, la cupidité des seigneurs avait ajouté les champarts, la taille à volonté, le fouage ou imposition par feu, le droit de main-morte, de lods et vente, de tierces, d’amendes, de fiefs,d’arrière-fiefs, de quinze deniers, de seigneurie, de justice grande et petite, etc. Ajoutez encore l’obligation de cuire au