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S30 LES LITTÉRATURES l>K L'INDE

à la voir, la raison s'égare; à L'effleurer do doigt, on perd conscience : comment donc peut-on l'appeler la bien aimée?

Terminons sur cette maxime désenchantée, qui

pourrait servir de transition au livre suivant, si l'art de Bhartrhari ne dédaignait les exigences de notre pauvre logique.

II. Nîti-Çataka « Centurie de la bonne con- duite » ou de la sagesse mondaine. — Cette sec- tion, ainsi qu'on doit s'y attendre, se recommande moins par l'élévation du ton et des idées, que par un bon sens aiguisé, parfois joliment relevé d'une pointe d'humour.

(B. 105)' On persuade aisément un ignorant, plus aisément encore l'homme de grand savoir; mais celui qui a tâté d'un peu de science, Brahmâ lui-même n'en viendrai! point à bout.

(32) Aux enfers, la dignité de caste! plus bas en- core, le chœur des vertus ! au fin fond de l'abîme, les bonnes mœurs ! au feu la noblesse héréditaire ! et que la foudre écrase le courage! Mais que l'argent nous reste ! l'argent, sans lequel toutes ces belles choses ne valent pas un fétu.

(41) La fortune ample ou mince que le Créateur a inscrite sur ton front, tu l'atteindras à coup sûr, fusses- tu au désert; et, fusses-tu aux mines d'or du Mêru, tu n'en acquerras pas davantage : à quoi bon, dès lors, te tourmenter et t'humilier à conquérir la faveur des

1. Les chiffres précédés de l'initiale B. renvoient à l'im- portant recueil alphabétique de 7(il3 stances édité par Bôhtlingk sous le titre de Indische Sprâche (2 e édition, St-Pétersbourg et Leipzig, 1870-73).

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