Page:Henry - Les Littératures de l’Inde.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES LITTERATURES DE L'INDE

retenir ici, c'est, d'une part, que la Grèce a tou- jours estimé que s;i faille ('tait de provenance orien taie, et qu'au surplus, si l'Inde fut l'emprunteuse, elle a donnée l'apologue sa marque propre, qui transparaît encore, à travers cent adaptations suc- cessives, dans le tour imagé et le pwpiant dialogue de notre La Fontaine.

La forme, d'abord, en est curieuse et séduisante: si un étudiant suffisamment avancé en sanscrit, — et il ne faut pas l'être beaucoup, — a la bonne for- tune de tomber sur le Pancatantra, je le défie de ne pas le dévorer jusqu'au bout. Récit capricieux, qui promène en mille détours l'attention du lecteur, la prolonge sans la lasser, puis souvent la satisfait en concluant d'un trait brusque au moment où il s'y attend le moins; style naïf à la fois et précieux, oii la simplicité semble le comble du raffinement; composition qui s'enroule sur elle-même à la façon d'une arabesque, et dont toutes les parties rentrent les unes dans les autres par un procédé subtil et compliqué de tourneur en ivoire : c'est un charme indéfinissable, un enlacement continu. Mais les recueils qui ont suivi se sont tous efforcés de copier sa manière : d'où vient que le Pancatantra demeure hors de pair ? Un procédé, d'habitude, va se perfectionnant à mesure qu'on l'applique : si, dans ce cas, une perfection relative paraît atteinte du premier coup, il ne nous est pas interdit de penser qu'elle avait été précédée de longs tâtonne-

�� �