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156 i i S LITTÉRATURES DE L'INDE

coup- .1.' .lent : « Au lion ! » crie le chacal, et La proie lui demeure, éventrée à point. — Voici le chétif el malin lièvre : en vertu d'un pacte conclu entre tous les habitants du bois, son tour est venu de se laisser manger par le lion. Il se présente en retard : cela est bien excusable ; mais la grosse bête n'aime pas à changer ses heures. Qu'elle daigne par- donner : le lièvre a été arrêté en chemin par un autre lion, qui lui a demandé où il allait et l'a chargé d'un défi pour son noble confrère. « Quel est le té- méraire...? » s'écrie le lion : le lièvre le conduit au bord d'une citerne ; il s'y voit, s'y précipite... La bestiole est sauvée et la forêt délivrée de son tyran. — A tous nos frères inférieurs l'auteur sait prêter avec une si sereine candeur les sentiments, les opi- nions, les actes, les habitudes et jusqu'aux manies des humains, qu'on s'y laisse prendre en douceur, et qu'on voit sans étonnement l'épouse de Bouche- bée orner du carré d'honneur et parer de guirlandes le devant de sa porte, ainsi qu'il est d'usage pour accueillir un hôte d'importance; puis, se ressaisis- sant, on se souvient que l'hôte attendu est le singe Rouge-museau, et l'hôtesse si experte de ses doigts, la femelle d'un marsouin, genre de surprise qui déclenche à coup sûr, suivant l'humeur du moment, le fou-rire ou le sourire. A cette lecture, un nom vient naturellement à la pensée, un nom récent et génial : certes, on ne se hasardera point à comparer Visnuçarman à Kipling ; mais il est bien permis

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