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KRAB-KRAOU

Krab, s. m., crabe (d’où kraban « griffe » et krabisa « égratigner »). Empr. fr. ; cf. pourtant krâf pour les dérivés.

Krak, adj., court, corn. crak « bientôt », cymr. crach « petit », vir. croc id. : suppose une base celt. *kr-ako-, dont la rac. paraît être la même que celle de korr. V. ce mot.

Kraé, s. m., variante de graé. V. ce mot.

1 Krâf, s. m., prise : exactement « action d’agripper, de saisir [comme] avec des griffes », et conséquemment « de gratter » cf. kraoel, cymr. craf-u « gratter, racler », cf. gr. γράφ-ω (graph-ô), « je grave, j’écris », al. graben « creuser »[1] (lat. scab-ere « gratter », ag. to shaoe « raser », al. schaben « racler »), lett. kribinàtn ronger ). Rapprocher krapa et cf. krampinel.

2 Krâf, s. m., couture : abrégé de krâfnados. V. ces mots.

Krâg, s. m., grès, cymr. craig « rocher » : se rattache à la souche de karrek, s’il n’en est une variante très ancienne. Cf. aussi graé.

Krampinel, s. f., attrait, amorce : exactement « croc pour attirer ». Empr. fr. grappin, crampon, et cf. krapa et krâf.

Krampoez, s. m., crêpe, galette, cymr. cramm-wyth, c’est-à-dire *crammpoeth[2] « pâte cuite ». Le premier terme est un mot perdu *kramm y qui a dû désigner tout corps gras et pâteux, mais a passé dans l’usage à un sens péjoratif (cf. krémen) : il paraît identique au fr. crème et chrême et semble remonter de même au bas-lat. chrisma[3], empr. gr. χρῖσμα (chrisma) « oignement ». V. le second terme sous poaz.

1 Kran, s. m., entaille. Empr. fr. cran, et cf. kranel.

2 Kran, s. m., rouleau broyeur : variante probable de krenn.

Krank, s. m., crabe. Empr. fr. cancre (métathèse et cf. cymr. crange).

Kranel, s. m., créneau. Empr. fr., et cf. kran.

Kraoṅ, s. m., variante de kraouṅ. V. ce mot.

Kraost, s. m., pituite. Onomatopée. Cf. fr. cracher[4].

Kraou, s. m., étable, mbr. crou, cymr. craw, ir. crô, gael. cro id. : d’une

  1. Les conditions consonnantiques ne sont pas concordantes, mais ce détail est secondaire dans une famille de mots qui sont visiblement des onomatopées. Le sk. a grbh-nâ-ti « il saisit ».
  2. D’où l’ag. a tiré le mot crumpet « sorte de pâtisserie ».
  3. Fr. crème ne vient pas directement de chrisma, puisqu’on a lat. crenior « crème » ; mais il en a sûrement subi l’influence, car chrisma seul a pu donner cresme.
  4. Qui passe pour emprunté au Scandinave » Le br. peut l’être de même, soit kraost pour *krac’h-ost.