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STRÎF-STRÛJ


Strîf, s. m., effort, querelle. Empr. fr. ancien estrif[1].

Strîḷ, s. m., goutte, filet d’eau : abstrait du vb. striḷa qui lui-même semble abstrait et altéré d’empr. fr. distiller « dégoutter ».

1 Striṅk, s. m., cristal. Onomatopée du son cristallin.

2 Striṅk, s. m., jaillissement, jet : abstrait du vb. striṅka, « jaillir, lancer », qui lui-même est abstrait du suivant.

Striṅkel, s. f., seringue, sarbacane : dér. d’empr. fr. altéré seringue « lat. syrinx). Cf. soroc’hel pour la forme et sifoc’hel pour le sens.

Stripen, s. f., tripe. Empr. fr. altéré, cf. skléar[2].

Striva, vb., s’efforcer, quereller. V. sous strîf.

Strîz : adj., étroit ; s. m., détroit (aussi strec’h et stric’h V.). Empr. lat. *strictus et strictus (> fr. estreit > étroit).

Strôb, s. m., lien d’assemblage. Empr. lat. struppus > bas-lat. *stropus, « lien, bandelette », lui-même empr. gr. στρόφος[3].

Strôbinel, s. m., tourbillon : dér. d’une forme romane issue du lat. turbō (gén. turbin-is), cf. cymr. twrf « tumulte » et br. strafiḷ.

Strôden, s. f., coureuse, drôlesse, mbr. siroton et strodton, et cf. fr. ancien trottière ou troteresse « prostituée » : dér. d’empr. fr. trotter, mais avec contamination du sens de stroul 9 etc. ; ou se rattachant par une métaphore grossière au vbr. strotur « selle », empr. lat. strātūra.

Stroll, s. m., assemblage, amas, bande : peut-être proprement « rouleau [de papier] ». Empr. ag. altéré scroll. — Conj.

Stroṅs, s. m., ébranlement, cahot. — Étym. inc.[4].

Strouez, s. f., brousse, hallier. Empr. germanique probable ; cf. mhal. strûch > al. strauch « buisson ». — Conj. Ern.

Strouḷ (C.), s. m., ordure (d’où strouḷen « souillon ») : terme d’argot populaire d’origine très indécise ; cf. bastrouḷein.

Strouḷen (C.), s. f., brume (temps sale) : dér. de strouḷ.

Strûj, s. m., fécondité : abstrait du vb. struja « féconder »(< *strud-ya-), dont la base *strût- suppose un empr. ags. ; cf. ag. to strut « se gonfler ») = al. strotz-en, « regorger, pulluler ».

  1. Empr. germ. contaminé d’al. strit > streit « combat » et *streb-en > streben « s’efforcer », et cf. ag. to strive.
  2. L’s peut provenir d’un vb. *stripaff < fr. estriper > étriper.
  3. Mais fals-strôb est une simple corruption pour fals-strep.
  4. A la grande rigueur, il n’y a dans le passage de fr. secousse à br. strouns aucun phénomène inusité dans les emprunts du br. au fr. ; mais l’ensemble de la corruption est trop choquant.