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AMPART-ANAOUDEK

par l’étymologie populaire comme signifiant ampart-fal[1]. V. ces mots.


Ampart, adj., robuste, agile : corrompu du mbr. apert = corn. apert. Empr. fr. ancien apert, « ouvert, franc, dispos, adroit »[2].


Amprévan, s. m., insecte, vermine : formation collective sur le mot prév au moyen du préf. *am-. V. ces mots[3].


Amzaô (C.), adj., facile : exactement « ce qui n’est pas en montée, pas ardu ». V. sous am- et saô.


Amzent, adj., indocile : préf. am- et senti.


Amzer, s. f., temps, mbr. ampser, corn. anser[4], cymr. amser, ir. aimser, gael. aimsir, suppose un celt. *amb-menserà (soit « mesure tout autour, en cercle », etc., cf. 1 *am-), dont le second terme très voisin du lat. mënsûra, se rattache à l’universelle racine MÊ MET « mesurer » : sk. mátrā « mesure », gr. μέτρον (metron) id., lat. mētior « je mesure » ; cf. ag. to mete et al. messen[5].


Amzéré, adj., inconvenant. V. sous 2 am- et la note.


*An-, préfixe perdu, mais encore reconnaissable en tête de plusieurs mots bretons, où d’ailleurs, à raison de ses origines multiples, il assume les fonctions les plus diverses : — 1o négatif (cymr. an-), représentant la négation primitive n- (cf. 2 am-) ; — 2o séparatif, comme procédant d’un celt. *aona < *apona[6], celui-ci dérivé de l’i.-e. âpo (cf. a-) ; — 3o intensif, comme le gr. ἀνὰ (ana) et le got. ana « par-dessus » (ag. on, al. -an) ; — 4o enfin, oppositif, d’un celt. *andi- > *ande-[7] « contre, vis-à-vis », sk. ànti, gr. ἀντὶ (anti), lat. ante, al. ant- et ent- dans ant-wort « réponse », entstehen « se produire », etc., etc. — Cf. quelques-uns des mots suivants[8].


Anaoudek, s. m., adj., connaisseur, reconnaissant : dér. de anaout, qui signifie étymologiquement « l’état de bien connaître[9] ».
  1. C’est-à-dire comme une traduction littérale, à la construction bretonne près, du fr. mal-adroit.
  2. Ce mot était fort répandu ; car le gael. aparr « expert » en procède aussi, sans doute par l’intermédiaire du moyen-anglais.
  3. Soit quelque chose comme l’al. actuel Ge-wurm.
  4. Sans doute faute d’orthographe des mss. pour amser
  5. La concordance germanique n’est pas rigoureuse, mais ramène à la variante radicale MED (gr. μέδ-ο-μαι (med-o-mai) « je mesure je prends soin de », lat. mod-u-s).
  6. Survivant en allemand : i.-e. *pond d’où/ona, aujourd’hui con.
  7. Visible, par exemple, dans un n. pr. gaul. tel que Ande-gavi « Anjou », et nombre d’autres.
  8. De ces quatre formes, la première seule est nettement reconnaissable, en ce qu’elle ne peut produire de mutation douce. Les trois autres se confondent pour la forme et souvent pour le sens.
  9. Ce mot est donné comme un type de dérivation compliquée et très commune :