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Charles III, son successeur, avait aussi de l’aversion pour les combats de taureaux. Il s’efforça de détacher la nation espagnole de cette frénésie, source de désordres et de dissipation pour un peuple qu’il voulait ramener au travail ; fléau pour l’agriculture à laquelle elle enlève chaque année tant d’instruments précieux[1]. » Son ministre Florida Blanca seconda ses vues : on restreignit le nombre de courses dans les villes de province ; à Madrid même, on ne livra que des taureaux débiles ; le spectacle perdit son principal attrait[2].

Par malheur, sous Charles IV, le goût mal étouffé se raviva bientôt. On vit des fêtes plus animées, plus sanglantes que toutes celles des règnes précédents ; les gens de qualité se livrèrent sans entrave à cette passion pour le cirque, passion qui, loin de s’affaiblir, paraît, de nos

  1. Bourgoing, Tableau de l’histoire moderne, t. II, page 384.
  2. En 1771, Henri Swinburne pouvait encore écrire : « Il n’assiste jamais personne de la famille royale à ces amusements… Les nobles ne se piquent plus de montrer leur courage, leur force ou leur dextérité, dans ces exercices fatigants et dangereux…… Il n’y a plus un seul gentilhomme qui se soucie d’y hasarder sa vie. » (Voyez son Voyage en Espagne, page 490.)