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pliquer une succession de faits humains. Les circonstances de son développement répètent assez exactement ce que nous savons d’autres villes dont l’origine ne se dérobe pas tout à fait à notre connaissance, de celles, par exemple, qui se fondèrent, au moyen âge, auprès d’églises abbatiales ou de simples chapelles, dépositaires de reliques fameuses. Là, le culte du saint, ici, le service du roi causèrent des effets sensiblement pareils. De même que les marchands, les artisans, les logeurs se groupaient pour l’entretien des pèlerins et augmentaient et renforçaient leurs positions chaque fois que l’éclat des miracles opérés attirait vers le sanctuaire des foules plus considérables, ainsi l’affluence des courtisans, au moment de la villégiature royale, occasionnait, d’année en année, des installations nouvelles ; aux périodes où les souverains marquèrent au château une faveur particulière, où les voyages de la cour se firent plus fréquents et où les séjours se prolongèrent davantage, correspondent, pour le bourg voisin, des périodes de mouvement économique, d’accroissement immobilier et d’extension territoriale.

Au surplus, l’actualité nous offrirait des exemples comparables par plus d’un trait à celui-là. Je songe, en écrivant, aux villes qui naissent et grandissent sous nos yeux autour de sources d’eaux curatives recommandées ou à proximité d’un paysage attrayant. Aux hôtels du début s’intercalent bientôt les divers établissements complémentaires que requièrent le logement, l’approvisionnement et la distraction des baigneurs et des touristes, et de cette union résulte un ensemble muni de tous les organes de la vie citadine. Parfois, le mérite réel du motif générateur, la réclame, la contagion du snobisme portent d’emblée la néopole à un degré de prospérité incroyable. Je ne sache pas qu’aucune de ces capitales de fraîche promotion ait jusqu’à présent suscité le zèle d’un annaliste. Il leur manque le recul dans le temps, qui est la condition essentielle, paraît-il, de l’admission à l’examen historique. La soudaineté de leur instauration déconcerte l’érudit, habitué à considérer des événements d’une marche plus lente. Cette négligence est regrettable. La mine est riche et d’exploitation aisée. Il y aurait pour la science quelque profit à l’attaquer. Ce serait l’occasion de saisir sur le fait une des manifestations les plus intéressantes, à coup sûr, de l’activité sociale. Certes, le sujet choisi par M. Félix Herbet n’a pas ce caractère d’excessive modernité dont se scandalisent les sanhédrins. Fontai-