Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/141

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pour avoir une grande sagesse. La grue le prit, le porta à l’étang, l’y déposa, le laissa nager tant qu’il voulut ; le vieux poisson fut ravi. Quand il fut de retour parmi ses frères, il n’eut pour la grue que des éloges. Les poissons se convainquirent qu’ils lui devraient la vie. « Prends-nous, criaient-ils, prends-nous, et porte-nous à l’étang des lotus. — Il sera donc fait suivant votre désir, » dit la grue. Et elle reprit dans son bec le vieux poisson à demi-aveugle. Mais, cette fois, elle ne le porta pas à l’étang. Elle le posa à terre, le perça du bec, puis elle mangea sa chair, et abandonna ses arêtes au pied d’un arbre, de l’arbre dont j’étais le Dieu. Le vieux poisson mangé, la grue retourna au bord du petit étang, et elle dit : « Qui de vous veut venir avec moi, maintenant ? » Les poissons étaient impatients de connaître leur nouvelle demeure, et la grue n’avait qu’à choisir parmi eux pour satisfaire sa gourmandise. Un à un, elle les mangea. Seule, restait l’écrevisse qui avait manifesté sa méfiance à l’oiseau. Elle pensait : « Je doute fort que les poissons soient dans l’étang des lotus ; je crains qu’ils n’aient été victimes de leur bonne foi ; mais il me serait utile de quitter cet étang misérable pour l’autre, qui est plus grand et plus sain. Il faut que la grue me transporte, sans que je coure aucun danger ; et, si elle a fait des dupes, il faut que je les venge. » L’oiseau s’approcha de l’écre-