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Page:Herold La Vie du Bouddha.djvu/186

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— Malheureux ! répondit Ananda, le Maître ne veut pas que nous te parlions, nous qui méditons sur les vérités saintes, à toi qui médites sur les charmes d’une Apsaras ! »

Et il s’échappa.

Le pauvre Nanda fut tout affligé. Il courut au Maître, il pleura, il se jeta à ses pieds. Le Maître lui dit :

« Tes pensées sont mauvaises, Nanda. Tu es l’esclave de tes sens : Soundarikâ hier, une Apsaras aujourd’hui t’affolent. Et tu désires renaître ! Renaître parmi les Dieux ? Quelle est ta sottise et quelle est ta vanité ! Efforce-toi vers la sagesse ; écoute mes leçons, et tue en toi les passions dévorantes. »

Nanda réfléchit aux paroles du Bouddha. Il se fit le plus docile des disciples, et, peu à peu, il purifia sa raison. Il ne voyait plus sa fiancée dans ses rêves, et il riait, maintenant, d’avoir voulu, pour une Apsaras, devenir Dieu. Un jour, comme une guenon fort laide le regardait du haut d’un arbre, il cria d’une voix triomphante :

« Salut, toi que Soundarikâ n’égale pas en grâce, salut, toi qui es plus belle que la plus belle des Apsaras. »

De s’être vaincu, il avait conçu un orgueil extrême : « Je suis un vrai saint, pensait-il, et en vertu je ne le cède pas à mon frère. »