« Comme toi, ami, je laboure et je sème ; et, le travail accompli, je mange.
— Tu laboures ? tu sèmes ? reprit Bhâradvâja. Comment te croirai-je ? Où sont tes bœufs ? Où sont tes grains ? Où est ta charrue ? »
Le Maître dit alors :
« La pureté de la connaissance, voilà le grain illustre que je sème. Les œuvres saintes sont la pluie qui féconde le sol où il germe. Je pousse une charrue puissante : elle a pour soc la sagesse et pour manche la loi ; un bœuf solide y est attelé : la foi qui agit. Dans les champs que je laboure meurt l’herbe mauvaise, le désir, et j’ai la plus belle des récoltes, le nirvâna. »
Il continua son chemin, mais le brahmane Bhâradvâja le suivit, décidé, maintenant, à écouter sa parole.
Quand ils entrèrent dans la ville, le peuple, sur une place, admirait une troupe de danseurs. La fille du chef attirait surtout les regards. Elle était belle et gracieuse entre les femmes, et, des qu’elle paraissait, ceux qui ne s’étaient point domptés brûlaient de connaître tout son amour. Elle s’appelait Kouvalayâ.
Elle venait de danser. Les yeux de tous étaient ardents. Elle n’ignorait rien de sa puissance, et, pleine d’audace et d’orgueil, elle cria à la foule :
« Admirez-moi, seigneurs ! Y a-t-il dans Râja-