Aller au contenu

Page:Hervey - La Famille de Mourtray T1.djvu/45

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

elle prétextoit une indisposition pour s’épargner l’ennui de parler à ses hôtes dont elle se donnoit rarement la peine de retenir les noms ; ou s’il étoit de nécessité absolue qu’elle leur adressât la parole, elle avoit un talent inimaginable pour confondre une personne avec une autre, et aussi souvent que cette méprise lui arrivoit ; son excuse étoit de dire : Eh bien ! monsieur tel, ou madame telle, n’est-ce pas la même, chose ? S’il lui passoit par la tête quelqu’idée qu’elle ne voulût pas différer de communiquer à sa famille, elle établissoit entr’elle et les siens une sorte de jargon inintelligible pour le reste de la compagnie : elle abandonnoit ses convives à ses filles, en permettant à celles-ci de les mistifier ; mais elle ne se mêloit jamais dans aucune de leurs plaisanteries : elle eût cru déroger à sa dignité.