Page:Herzog - Les Frères de Plymouth et John Darby, leur doctrine et leur histoire.djvu/30

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ne doit pas exclure le reste de l’Écriture (excès qu’au reste le prédicateur lausannois était loin de prêcher), il n’en reste pas moins évident que le langage de Darby révélait une dangereuse tendance.

Telles étaient, en substance, ces méditations de M. Darby si courues. Elles ne pouvaient pourtant que paraître bien faibles, d’ensemble et de détails, à des hommes d’un jugement mûri. On y trouvait jusqu’à ces étranges allusions aux événements du jour que les interprètes des prophéties aiment tant à faire.

M. Darby n’en fit pas moins sensation à Lausanne, tant chez les dissidents que dans les rangs des chrétiens pieux de l’église nationale. Il semblait qu’après des siècles de vains tâtonnements on venait enfin de trouver, grâces aux lumières de cet homme étonnant, la clef des prophéties ; et ses discours immédiatement imprimés, allaient répandre au loin la doctrine qu’on goûtait à Lausanne[1].

Bien des membres de l’église nationale allaient entendre M. Darby, et adoptaient ses opinions, sans se douter qu’ils abjuraient ainsi de fond en comble leurs idées sur l’Église ; ils pouvaient d’autant moins s’en douter, que Darby avait déclaré, en ouvrant ses séances, que ce n’était point aux seuls dissidents qu’il s’adressait, et que la différence entr’eux et les chrétiens nationaux, comme on les appelle, était nulle à ses yeux. Dans les allocutions qui suivirent, il s’abstint prudemment de toute allusion aux affaires d’Église, et sut si bien

  1. Au bout de peu de temps il en fut publié une traduction anglaise à plusieurs milliers d’exemplaires ; il en a même paru, en 1843, à Bâle, chez Bahnmaier, une traduction allemande.