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MAJOGBÉ.

Elado dit encore :

— Personne de vous ne demande le crime de cet homme. Vous avez peur de souiller votre bouche en parlant de lui. Vous savez que le dieu est juste et que ses prêtres ne frappent que le coupable. Moi-même je devrai me purifier et faire les sacrifices expiatoires quand sur mes lèvres auront passé les paroles infâmes qui saliront vos oreilles en leur apprenant les hontes de cet homme. Kosioko a voulu vendre les chemins qu’il gardait pour votre peuple ! Kosioko a envoyé chez nos ennemis de Ketu, de Juda, de Savi et d’Abomey des messagers pour vous livrer, vous, vos femmes, vos enfants, vos champs, vos maisons ! Ces messagers sont ici. Qu’ils disent !

Des jeunes hommes qui étaient enchaînés derrière l’Ologbo Oro s’avancèrent et dirent :

— Cela est vrai !

Le prisonnier les regarda, triste, haussa les épaules avec un bruit de fers choqués et sourit. L’enfant cria :

— Cela est faux. Ces hommes sont des captifs de Maté, de l’Ologbo Oro !

Un esclave saisit Majogbé pour le bâillonner. L’enfant le mordit.

Elado poursuivit :

— Kosioko a été sacrilège. Il a couché des lépreux dans son temple de Chango. Il a voulu brûler l’autel d’Oro. Il a jeté des sorts dans la rivière pour qué Champana détruisit votre peuple. Il a appelé des